Château de Gaillarmont

Le château de Gaillarmont, que nous évoquons ici, ne doit pas être confondu avec le château des Bruyères qui a lui aussi parfois été appelé « château de Gaillarmont ». Ils faisaient d’ailleurs partie du même domaine jusqu’à la division de celui-ci en 1803.

Le château de Gaillarmont était situé dans la rue du même nom, à l’endroit des actuels n°519/521. Ne le cherchez pas, il a malheureusement été démoli en 1976. Faisons-le revivre par pur plaisir historique.

Succession des extraits des carte de Ferraris (1777), carte du dépôt de la guerre (1865), orthophotoplan (1971), orthophotoplan (2019)

La situation au 18ème siècle

Ce château est décrit par Pierre-Lambert de Saumery  dans les « Délices du Pays de Liège » parus entre 1738 et 1744. La description suit celle du château des Bruyères. Puisque l’auteur appelle ce dernier « Maison de plaisance à Gaillarmont », il nomme le lieu qui nous intéresse « Autre maison de plaisance à Gaillarmont » (tome 3 pp. 273). La description est celle-ci :

Un peu plus bas, en tirant vers le Village de Grivegnée, et dans un point de vue semblable à la Maison dont nous venons parler, on trouve une magnifique Avenue de charmille touffue, de près de huit-cents pas, fermée de deux Barrières [1]. Elle communique à une belle Maison, dont le principal Corps de logis consiste en un gros Pavillon, partagé en quatre pièces, d’où naissent deux Ailes bien bâties, qui embrassent une Cour carrée, dont un Fermier [2] partage l’usage avec les Maîtres. Malgré cette destination, la propreté qui y règne fait connaître l’économie rustique ; une haute Muraille qui achève d’enfermer cette Cour vers l’Orient, présente au milieu une belle Porte de pierre, construite dans le goût le plus moderne. Les Étages supérieurs du Pavillon, distribués comme le Rez-de-chaussée, plaisent également par la commodité de leur distribution et par décence de leurs ameublements. L’aile gauche renferme aussi une Chapelle, ornée d’une façon convenable. Le Jardin, qui borde la Face postérieure du Pavillon, est un carré fermé de murailles, où l’on ne réussit pas moins à la culture des fleurs qu’à celle des fruits.

La gravure de Remacle Leloup qui accompagne la description montre, quand on la compare aux photographies du 20ème siècle, que l’édifice a très peu changé.

On note aussi sur la gravure la présence des nombreux vergers entourant le château mais aussi d’un plan d’eau qui faisait face au château. A l’arrière-plan de la gravure se trouve une belle représentation de Liège où l’on distingue au centre la cathédrale Saint-Lambert, à gauche Saint-Denis et à droite Saint-Barthelemy.

Les propriétaires du 19ème siècle

En 1803, Jean-Pierre-Rudolphe d’Andriessens scinde le domaine qui, rappelons le, comprenait les deux châteaux. Tandis que le château des Bruyères avec ses 27 hectares est cédé à Pierre-Jean Lonhienne, le château de Gaillarmont dont nous parlons ici ainsi que les nombreux vergers et terres attenantes restent dans la famille d’Andriessens. La descendante Marie-Hélène-Henriette d’Ancion de Ville (décédée en 1862 à 82 ans) le lègue par testament à sa nièce Madame Orban de Xivry, née de la Rochelin.

Extrait de l’Atlas des chemins vicinaux, 1841.

Le 20ème siècle

Vers 1900, en suite de dégâts miniers, Madame Orban de Xivry vend la propriété au Charbonnage de Homvent (qui sera englobé par le charbonnage de Wérister).

Après 1918, la société des charbonnages décide le réaménagement du château et de son parc ; les dépendances sont toujours habitées par la famille du garde et celle du concierge. Des parties du bâtiment sont mises à disposition de travailleurs émigrés, comme logements provisoires.

Dès 1938, la société met ce domaine à la disposition des « colonies du grand air », œuvre des écoles catholiques. Ainsi, de 1939 à 1941, le patro des Thiers s’y rassemble chaque dimanche et, durant les vacances scolaires, les enfants des militaires et ceux des colonies se partagent les séjours au château.

Photographie des années 1940. Collection De Spiegeleire

Les « stations de plein air liégeoises » ont fonctionné jusque dans les années ‘60. Les aînés s’en souviennent encore.

Les bâtiments sont démolis en 1976 et le terrain est loti.

Que peut-on encore en voir aujourd’hui ?

Il faudra vous déplacer rue Georges Simenon face à l’annexe de l’auberge de jeunesse pour admirer le portail du château qui a été « récupéré » lors de la démolition du château et intégré à cette façade reconstituée par l’architecte Francotte à la fin des années 70.

A gauche : une photographie des années 40. A droite : une photo actuelle.

De l’allée de charmilles décrite par Saumery, on trouve encore quelques sujets.

Face au château se situait une potale toujours visible.

A gauche : une photographie figurant dans le magazine Liège Notre cité de février 1978 donc peu de temps après la démolition du château. A droite : une photo actuelle.

Le colombier, qui était situé à l’arrière du château, a servi de base à la construction d’une maison d’habitation privée dont le terrain reste parsemé de quelques magnifiques arbres, restes du parc du château.

A gauche : une photographie figurant dans le magazine Liège Notre cité de février 1978. A droite : une photo actuelle.

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Pour aller plus loin

  • L’Atlas des chemins vicinaux selon Wikipédia.
  • Les Délices du Pays de Liège selon Wikipédia.
  • Les Délices du Pays de Liège, consultables sur le site internet de la Bibliothèque de l’Université de Namur.
  • Liège notre cité, revue trimestrielle d’information de la ville, 2ème année, numéro 2, juin 1978.
  • Ambroisse V., Le château des Bruyères à Bois-de-Breux, Nous avons glané pour vous, 1980.
  • Collard Christian Jean, Bois-de-Breux ou l’historique d’une paroisse Liégeoise.
  • Delhez José, Château de Fayembois, Résidence de Gaillarmont et Château des Bruyère, publication de Bel Air Pictures.
  • Marganne F.M. et L., Historique de la Paroisse de Bois-de-Breux, 1940.
  • Nissen Laurent, Recueil de la tradition et esquisses du village des loups, 3 tomes, consultable auprès de la Commission d’Histoire Locale de Jupille, que nous tenons à remercier chaleureusement.
  • Warzée Octave, A travers le centre de Bois-de-Breux, carnet d’une balade gourmande et contée organisée le 15 avril 2018 par le Foyer Culturel de Jupille/Wandre.
[1] Cet endroit fut longtemps appelé « aux deux bayes » selon Christian Jean Collard Blog.

[2] La ferme a été appelée « Ferme Maquet » pendant un moment.