ZACC de Pireux (Fléron & Chaudfontaine)

Un espace à cheval sur deux communes et potentiellement préservé de l’urbanisation

1. Localisation
2. Quelques qualités
2.1 Vue imprenable et… lieu vu de partout
2.2 Végétation
2.3 Agriculture
3. Affectation au Plan de Secteur
4. Urbanisation déconseillée dans le Schéma de structure communal De Chaudfontaine et celui de Fléron
5. Quel avenir ?

1. Localisation

Cet espace d’un peu plus de 10 hectares (100.000 m²), situé pour deux tiers sur la commune de Chaudfontaine et pour un tiers sur la commune de Fléron, est délimité au nord par la rue Pireux et, au sud par la Nationale 621 reliant Vaux-sous-Chèvremont à Fléron (cette rue s’appelle rue Adolphe Dumont sur le territoire de Chaudfontaine et rue Roosvelt sur la commune de Fléron). Un sentier forme la limite ouest tandis que des maisons déjà bâties forment la limite est.

Entourée d’orange, la ZACC du Pireux, située les Communes de Chaudfontaine (à gauche) et Fléron (à droite) – Cliquez pour agrandir

2. Quelques qualités

2.1 Vue imprenable et… lieu vu de partout

Le site présente un intérêt paysager manifeste.

Dans son étude réalisée en 2004 à la demande de la Région Wallonne [1], ADESA a identifié un point de vue d’intérêt paysager [2] dans la prairie à la limite entre les deux communes [le PV 08] et un autre point de vue sur la rue Roosvelt [PV66].

Au sujet du point de vue N°66 rue Roosvelt, ADESA écrit : « Jolie vue, à la sortie de la zone urbanisée de Romsée, sur le paysage verdoyant proposé en Périmètre d’Intérêt Paysager ».

Longeant la rue Roosvelt (N621), un coin de campagne préservé de l’urbanisation.

Selon nous, le point de vue N°8 est l’un des plus beaux de tout le site du Ry-Ponet mais aussi de toute l’agglomération liégeoise. ADESA écrit : « depuis la partie haute des prairies situées en contre-haut de la rue Pireux, on fait une belle découverte sur 180° d’un paysage au relief accidenté embrassant les confluents des 3 vallées : Vesdre, Ourthe et Meuse. On peut voir notamment la basilique de Chèvremont dominant une crête intermédiaire et une partie de l’agglomération liégeoise dans le fond de la vallée. Seuls les pylônes de la ligne à haute tension perturbent le paysage. Une partie du paysage observé est actuellement inscrit en PIP. »

Vue 2018 et photo de l’étude ADESA 2004 avec analyse des points de repères visibles, extrait de l’étude « Un parc paysager au Ry‐Ponet : une opportunité pour la métropole liégeoise – Uliège »

Et puisque depuis cet endroit, on peut percevoir un si large et lointain panorama, il est évident que cet endroit est vu depuis de nombreux autres endroits. Faites l’exercice. Repérez la forme de ce site en vous aidant par exemple du superbe chêne qui ponctue la crête et amusez-vous à repérer tous les endroits d’où vous vous les voyez ! Vous serez vraiment très étonnés.

2.2 Végétation

Le chêne qui ponctue la crête. Photo de Benoît Coenen (C)

Aux côtés de ce chêne, on trouve dans cette ZACC de Pireux une grande quantité d’éléments végétaux très intéressants.

L’un d’eux, celui situé en bas de la prairie, côté rue Roosvelt et donc visible depuis le point de vue N°66 est qualifié de remarquable à l’inventaire des Arbres et Haies remarquables (AHREM). Il s’agit d’un frêne commun.

Mais de nombreux autre arbres (de nombreux chênes, quelques charmes, un saule blanc) mais aussi des haies très intéressantes sont « de facto » remarquables au vu de leur circonférence ou sont à inscrire sur la liste AHREM. Certains arbres sont dits « corniers » car ils marquaient, et marquent toujours, la limite entre les communes.

Cette végétation apporte une grande valeur au site en matière de biodiversité.

2.3 Agriculture

Les parcelles sont actuellement cultivées ou accueillent du bétail.

3. Affectation au Plan de Secteur

Au plan de secteur, ce site est majoritairement repris en ZACC « Zone d’aménagement communal concerté ». (8,13 ha = 81.300 m²).

Au sud-ouest, en bordure de la nationale, sur le territoire de Chaudfontaine, une petite parcelle (0,57 ha, soit 5700 m²) est reprise en ZSPEC «Zone de services publics et d’équipements communautaires ».

Au sud-est, à nouveau en bordure de la nationale et notamment là où se trouve le frêne remarquable, une petite superficie (1,64 ha, soit 16.400 m²), dont une importante proportion est déjà bâtie, est reprise en zone d’habitat à caractère rural. Elle se situe presqu’exclusivement sur le territoire de Fléron.

4. Urbanisation déconseillée dans le Schéma de structure communal de Chaudfontaine et celui de Fléron

En 2011 et 2012, les communes de Fléron et de Chaudfontaine ont chacune adopté un schéma de structure communal. (cliquez que les noms des communes pour y accéder)

Dans ces deux schémas, cette ZACC est déconseillée à l’urbanisation.

Pour la commune de Chaudfontaine, la ZACC de Pireux (numérotée ZACC 13 et appelée ZACC « A Banstay » (5,34 ha)) est qualifiée de « sensible » [3] et « déconseillée à l’urbanisation » [4]. « Située à Vaux-sous-Chèvremont, le long de la RN621, elle est à cheval sur les limites communales avec Fléron. Elle est occupée par une affectation agricole. Elle fait également partie du périmètre d’intérêt paysage « Campagne de Vaux-sous-Chèvremont » caractérisé par un relief énergique, un aspect bocager constituant un des rares paysages de la retombée du Pays de Herve. Le placement en zone déconseillée est motivé par la présence de la ligne de crête secondaire au nord, la présence d’un puits de mine et le caractère de zone de liaison écologique. La commune de Fléron prévoit également dans son schéma de structure de ne pas urbaniser une grande partie de cette zone (côté Vaux).». [5]

En 2011, le conseil communal de Fléron a également adopté un schéma de structure communal. Dans celui-ci, il est écrit :

Périmètre à haute valeur paysagère = hachures rouges horizontales

« Ce site est un espace d’aération entre deux hameaux qu’il faut préserver pour respecter le projet communal de ville à la campagne. […] La présence d’un périmètre d’intérêt paysager, de haies remarquables, d’un arbre remarquable, d’un verger et d’un relief abrupt confortent le souhait de laisser ce site à son état naturel. Deux affectations sont proposées. Dans la partie Ouest de la ZACC qui est plus escarpée et qui participe à l’entrée de la commune de Fléron, l’extension de la zone agricole voisine est recommandée. Dans la partie Est, la présence d’un accès depuis la rue Roosevelt et d’une zone relativement plane contiguë au hameau existant de la rue Pireux valident l’extension de la zone d’habitat envisagée. Des mesures d’aménagement en voirie devront être prises au carrefour entre l’accès au site et la rue Roosevelt afin d’assurer une sécurité maximale. Le gabarit des habitations sera faible afin d’assurer son intégration dans le paysage. » [6]

5. Quel avenir ?

Fin 2019, la commune de Chaudfontaine a décidé de la réalisation d’un Masterplan sur l’ensemble de son territoire. Celui-ci intégrera notamment les notions d’aménagement du territoire et d’urbanisme. Il servira de document de référence précis pour cadrer l’évolution de la commune sur le long terme.

Nous espérons que ce Masterplan confirmera les recommandations du schéma de structure communal et permettra la préservation des qualités paysagères et naturelles du site, qui apporte une véritable contribution au Parc du Ry-Ponet.


[1] En 1995, la Région Wallonne avait comme objectif la révision des Plans de Secteur et, dans ce cadre, la détermination des Périmètres d’Intérêt Paysager, des Points de vue et Lignes de vue remarquables à y inscrire, et ce parce que les Périmètres inscrits lors de l’élaboration des plans de secteur ne l’avaient pas toujours été selon des critères pertinents. La Région Wallonne a alors confié une étude à l’ASBL ADESA. Les modifications n’ont malheureusement jamais eu lieu mais l’étude ADESA est régulièrement consultée et a une valeur indicative.

[2] Les points de vue remarquables (PVR) « sont des lieux ponctuels d’où l’on jouit d’une vue particulièrement belle » ; tandis que les lignes de vue remarquables (LVR) « sont des lieux linéaires d’où l’on jouit d’une vue particulièrement belle ».

[3] Le schéma de structure communal de Chaudfontaine définit une zone sensible comme étant une zone qui se distingue par des qualités ou des contraintes importantes : intérêt paysager (lignes de crête, lignes de rupture de pente, point de vue, ligne de vue), pente importante (talus), […], proximité ligne LGV, proximité d’un site classé […], biodiversité […], monument, parc, zone inondable, puis de mine, terril. (Extrait du document « Schéma de structure communal, Volume 2, Options » rédigé en 2012 par le bureau fh&associés, p. 78.)

[4] Le schéma de structure communal de Chaudfontaine définit une zone déconseillée à l’urbanisation comme étant une zone qui se distingue par des contraintes très importantes : zones inonsables d’aléa élevé, zones de risque d’éboulement, zones sous ligne à haute tension, zones centrales du PCDN (Plan Communal de Développement de la Nature), points de vue essentiels sur l’abbaye de Beaufays (site et monument classé). Le schéma de structure de Chaudfontaine émet des recommandations pour une zone « déconseillée à l’urbanisation ». Selon ce schéma, cette zone doit être destinée aux espaces verts et au maillage vert et être déconseillée à l’urbanisation de tout bâtiment, que la densité résidentielle reste inférieure à 0,5 logement par hectare [ce qui reviendrait à pouvoir construire maximum 4 logements sur toute cette surface] et qu’en cas de demande de permis, une simulation sur photos panoramiques du projet dans son environnement soit exigée. Le schéma insiste au sujet de la végétation pour que « la plantation d’arbres isolés et alignés et de haies d’essences locale soit encouragée » et, lorsque la zone est de qualité paysagère ou comporte une biodiversité intéressante, que toute la faune et la flore indigènes [à l’exception des espèces chassée ou nuisibles] soient protégées et que des actions favorisant la biodiversité soient encouragées. De la même manière, il est demandé que l’emploi d’engrais chimique et de produits phytosanitaires soit réduit au minimum. (Extrait du document « Schéma de structure communal, Volume 2, Options » rédigé en 2012 par le bureau fh&associés, p. 79.)

[5] Extrait du document « Schéma de structure communal, Volume 2, Options » rédigé en 2012 par le bureau fh&associés

[6] Extrait du document « Schéma de structure, Phase II, Options et programmation » rédigé en 2011 par le bureau Pluris (pages 46 à 48).