Dominique Van Cotthem, auteure

Née à Liège, Dominique Van Cotthem a travaillé dans la création florale durant de nombreuses années. Elle est d’ailleurs citée dans le livre « Fine Fleur – Floralies Gantoises et Art Floral » de René de Herdt et Patricia de Corte, paru chez Lannoo. Elle est parmi les « Maîtres-fleuristes » belges ayant exposés leurs créations au 33ème Floralies Gantoises en 2010. On y apprend que sa fleur préférée est la rose.

D’autres passions animent sa vie : la peinture, le théâtre, le flamenco et bien entendu l’écriture.

Dominique est chênéenne.

Elle parcourt désormais son chemin dans toute la Francophonie puisque son premier roman « Le sang d’une autre » publié initialement en 2017 aux éditions Les Nouveaux Auteurs (Coup de cœur des lectrices de Femme Actuelle la même année) est entré dans la collection « Pocket » en 2019. Ce livre est dédié à sa fille.

Un jour de 1967, Anne-Marie quitte la Belgique et sa petite vie douillette. Elle a les yeux rivés vers le Sud et prend un aller simple pour Àvila en Espagne où elle tombe amoureuse d’un pays, d’une histoire, d’un peuple, d’une famille, d’un musicien et d’une passion. Le flamenco devient sa nouvelle vie, jusqu’au jour où le passé resurgit et la ramène en Belgique, comme un nouveau bouleversement. Des années plus tard, à la mort de son tendre amour, Anne-Marie ressent le besoin de raconter son histoire. (Ce paragraphe est largement inspiré du quatrième de couverture de la version Pocket du livre.)

Ce destin de danseuse de flamenco raconté avec grâce et bonheur passe par quelques coins de Chénée. Au travers du récit, on devine aisément combien l’auteure est attachée à Chénée, à son histoire, à tout ce qui semble banal et est pourtant merveilleux, comme elle nous en avait fait part lors de la balade guidée du 25 août 2019.

Un extrait qui nous a particulièrement touchés et qui résonnera très certainement dans le cœur de de tous les chênéens est relatif à la chapelle Sainte-Anne (pp. 149-151 de la collection Pocket) :

Le soleil commençait à percer, midi approchait et trois kilomètres me séparaient encore des hauteurs de la petite Chapelle Sainte-Anne. Je n’étais pas venue avec l’intention de me souvenir de mes jeux d’enfants, mais j’aimais qu’ils me reviennent, ils souriaient à mes pensées. Je décidai néanmoins de presser le pas, j’allais à la recherche d’une preuve, celle dont parlait la lettre écrite par le père de Philippe. Je n’avais pas eu ce courage, il y a cinq ans, avant de quitter la Belgique. Mon allure se fit plus rapide. Il me fallut moins d’une heure pour arriver tout en haut.

Au sommet de la côte, j’étais essoufflée, en transpiration sous les couches de lainage. C’était agréable, car je ne sentais plus aucune tension. Face à moi se dessinait la petite chapelle entourée de ses quatre tilleuls et devant laquelle, de part et d’autre, deux bancs de bois s’alignaient en haie d’honneur. Cela faisait bien des années que je n’étais plus venue jusqu’ici, mais je constatais avec soulagement que rien n’avait changé, ni le bâtiment en pierre, ni les arbres, ni le paysage aux prairies grasses avec, au loin, les toits des maisons dans la vallée. Je pris le temps de m’asseoir un moment afin de récupérer du souffle. Je voulais me sentir en pleine possession de mes moyens et de mes forces avant d’aller plus avant. Mon regard s’acharnait sur l’édifice au-dessus duquel, dans la partie voûtée, la date de construction avait été taillée dans la pierre : 1889. On raconte que cinq soldats bretons trouvèrent la mort à cet endroit à l’époque de la guerre contre les Autrichiens. On planta, en leur mémoire, cinq tilleuls dont un ne survécut pas, et l’on érigea la chapelle à l’ombre des arbres destinés à l’entourer durant des centaines d’années. Il y avait là une énergie indéfinissable, à la fois puissante et d’une grande douceur. Les prés aux alentours, la vue sur la vallée, les fleurs accrochées à la grille protégeant la statue de la sainte et qui prouvaient que des gens honoraient la mémoire des êtres couchés là, à moins qu’ils ne viennent avec quelques demandes, tout contribuait à conférer au lieu une envie d’y rester. Je me disais que c’était un merveilleux endroit pour y reposer à jamais. Les quatre tilleuls dégageaient un parfum délicieux jusque dans les prairies. Après un long moment, quand ma respiration se fut apaisée, je fis le tour de la chapelle et m’arrêtai longtemps derrière, à l’endroit où la terre est nue et noire. Là où personne ne se recueille, je me recueillis. Puis je revins devant la grille. Ma main trembla en se posant sur la poignée qui n’opposa aucune résistance à mon geste. La porte s’ouvrit en gémissant. J’entrai dans la salle minuscule et poussiéreuse, un seul pas me séparait du petit autel sur lequel la sculpture de Sainte-Anne reposait. Mais ce n’était pas elle que j’observais, mes yeux fixaient intensément le panneau de bois posé derrière elle. Un décor rudimentaire, taillé dans une essence pâle, du hêtre ou du peuplier dont le dessus arrondi s’encombrait d’une moulure simple et fine qui finissait à un tiers du panneau. Je dus me positionner de côté en me contorsionnant un peu, car je voulais voir si le bois était gravé derrière la statue. Il ne me fallut pas chercher longtemps. Des traits profonds formaient, lettre après lettre, comme des petits rigoles, le prénom que François Dalançon avait gravé vingt-sept ans plus tôt : Anna-Maria.

Si comme nous, cet extrait vous inspire, n’hésitez pas à vous plonger dans ce très beau roman.

Depuis celui-ci, Dominique a également publié des nouvelles dans « Un hôtel à Paris » et « Quelques mots à vous dire … » et de la poésie « Un bleu de fin d’été qui n’a pas dit son dernier mot ». Elle ne compte pas en rester là.

Si vous voulez la suivre, elle est présente sur les réseaux sociaux :

 

 


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