Plan Urbain de Mobilité – Le passager clandestin et l’éléphant dans le magasin de porcelaine

L’hiver est bien installé et pourtant les Plans et les Schémas continuent à tomber comme feuilles mortes en automne. Quelques semaines après le Schéma de Développement du Territoire (SDT) qui concernait toute la région wallonne et auquel la Plateforme Ry-Ponet avait répondu au cours d’une enquête publique qui l’accompagnait, c’est le Plan Urbain de Mobilité (PUM) de l’arrondissement de Liège qui a fait l’actualité ces dernières semaines.

Ce projet a – au moins – trois grandes particularités. Il a été lancé en… 2008 et a donc mis plus de 10 ans à aboutir (en fait, le projet de départ a passé la plus grande partie de la décennie dans un frigo avant d’être ramené à la vie et finalisé en 2018). Ensuite, bien que ne concernant directement que l’arrondissement de Liège, il a été réalisé, présenté et mis à l’enquête par la Région wallonne. Et, enfin, ce PUM s’inscrit dans la continuité du Schéma de Développement de l’Arrondissement de Liège (SDALg) présenté en 2017 et voté par les conseils communaux de l’arrondissement en 2018.

La Plateforme Ry-Ponet a répondu à l’enquête publique qui, en décembre, a suivi la présentation publique de ce projet et compte continuer à intervenir dans le débat qui accompagne actuellement le passage du PUM au vote des 24 conseils communaux de l’arrondissement tout au long du mois de février. Deux raisons principales nous ont motivé à intervenir dans ce débat.

Le passager clandestin des Haïsses-Piedroux…

La première semble ne concerner qu’un point de détail dans l’ensemble du PUM mais ce point est essentiel pour nous. Comme nous l’avions déjà mentionné dans notre étude du SDALg l’an dernier, le bureau d’études Pluris est à la fois l’auteur du SDALg et du PUM (sur commande de pouvoirs publics) mais également l’auteur du projet immobilier «Haïsses-Piedroux» (sur commande d’une société privée). Et, en introduisant discrètement ce projet immobilier dans les 2 études (SDALg et PUM), il joue à chaque fois avec les limites du conflit d’intérêt.

La figure 96 (PUM, p. 116), reproduisant la carte du SDALg, intègre « le développement de logements au site Haïsses-Piedroux ». Nous avons tracé une ellipse noire sur la zone de ce projet, plutôt que de nous contenter du point violet représenté par l’auteur de projet et figurant le point le plus bas du lotissement.
La figure 96 (PUM, p. 116), reproduisant la carte du SDALg, zoom.

Nous avons donc repris et adapté l’argumentation que nous avions développée il y a un an dans le débat autour du SDALg afin de montrer à quel point le projet immobilier « Haïsses-Piedroux » est en contradiction totale avec les enjeux et les objectifs fondamentaux du SDALg et du PUM – ne serait-ce que parce qu’il entraînerait l’injection de 800 à 1.000 nouveaux véhicules dans la circulation de Chênée et des environs aux heures de pointe, sans la moindre réflexion sérieuse sur les conséquences en matière de mobilité et de santé publique. Et nous avons aussi souligné, à l’inverse, l’adéquation parfaite entre les propositions alternatives que nous développons (création de logements sur des friches industrielles et commerciales dépolluées et réhabilitées, et création d’un parc naturel urbain de 300 hectares) et les enjeux et objectifs de ces mêmes SDALg et PUM.

… et l’éléphant CHB

Quant à la deuxième raison de nous intéresser au PUM, elle tient évidemment aux implications qu’aura(it) la mise en œuvre de ce plan pour la population. N’ayant évidemment pas les moyens d’un bureau d’études comme Pluris ou d’un centre de réflexion d’un parti, nous n’avons pas pu traiter de l’ensemble du projet (ce qui dépasserait d’ailleurs largement la raison d’être de la Plateforme Ry-Ponet) mais nous nous sommes concentrés sur divers points en lien avec nos principales préoccupations.

Tout en appréciant une série d’orientations favorables au développement de diverses formes de mobilité douce, nous avons émis une série d’appréciations critiques sur la faiblesse de certaines démarches (le peu d’intérêt donné à des questions comme la défense et de la mise en valeur des paysages, l’accessibilité aux hôpitaux et aux espaces verts, le développement des navettes fluviales,…).

Nous avons aussi pointé l’hypocrisie de la démarche qui vise, dans la brochure « grand public », à présenter la bretelle autoroutière Cerexhe-Heuseux-Beaufays (CHB) comme un simple sujet « à l’étude » rejeté dans un avenir brumeux et lointain alors que le rapport lui-même et les études d’incidence montrent que ce projet a déjà fait l’objet de nombreuses études et est considéré, par les auteurs du rapport et surtout les pouvoirs politiques, comme vital pour la mobilité en région liégeoise – alors qu’il va à l’encontre de nombreuses recommandations du PUM et des exigences environnementales et climatiques qui amènent aujourd’hui des dizaines de milliers de personnes de tous âges dans nos rues.

Il en va donc du PUM comme du SDT et du SDALg précédemment examinés par la Plateforme : des projets proposant de nombreuses orientations positives mais déforcés par l’absence de mesures contraignantes, d’orientations budgétaires claires et d’audace novatrice qui en limitent fortement l’impact et risquent de renvoyer une série de mesures intéressantes dans le frigo dont le PUM a eu tant de peine à sortir.

Découvrez ici la réponse détaillée de la Plateforme Ry-Ponet à l’enquête publique sur le le Plan Urbain de Mobilité (PUM) de l’arrondissement de Liège.


Tous les documents officiels du PUM sont consultables ici.