L’enfumage est un art et la société Scheen Project est un grand artiste

RTC, la télé locale liégeoise, a rendu compte de l’enquête publique accompagnant la demande de permis pour le projet de transformation de la Ferme Sainte-Anne dans un article sur son site internet en date du 5 février.

L’interview de Pascal François, porte-parole de la société Scheen Project, est parfaitement révélatrice de la manière dont cette société tente de « vendre » son projet à la population. En mettant en avant ses aspects les plus « sympas », en évitant soigneusement d’évoquer tout ce qui pourrait poser problème et en travestissant allègrement la vérité.

Nous avons été surpris que Monsieur Scheen ait fait appel à un expert de la communication, spécialisé dans les informations au public. Nul besoin, nous concernant, d’en faire autant. La lecture des lignes ci-dessous vous montrera que le projet, consultable sur simple demande, parle de lui-même.

Petite démonstration en reprenant les points de la présentation de Pascal François, dans ses propres termes.

«L’idée, c’est, par exemple, en effet, d’ériger une micro-brasserie, la première en Belgique qui ferait du « zéro carbone » et « zéro kilomètre » avec un moyen de production complètement innovant.» 

On comprend bien l’intérêt qu’a la société Scheen Project à placer en début d’interview son petit couplet sur la micro-brasserie (la bière est en Belgique un sport national) et ses performances environnementales, pour montrer dès le départ toute l’aspect sympathique du projet.

… sauf que le projet de micro-brasserie est tellement révolutionnaire que le dossier accompagnant la demande de permis est d’un vide impressionnant : rien (ou presque) sur la qualité de l’eau qui serait utilisée, sur les délais pour arriver à une production suffisante de houblon sur le site, sur la provenance des ingrédients autres que le houblon, sur le processus de production, sur le type de micro-station d’épuration, sur l’évacuation des eaux usées et des eaux de refroidissement,… Cette micro-brasserie censée impressionner tout le secteur brassicole belge est donc plongée en réalité dans le flou le plus total.

Quant aux termes de « zéro déchet » et « zéro kilomètre », ils sont risibles. D’une part, parce que la production de houblon se ferait sur des terrains inadéquats (battus par les vents) et sur une superficie de 3000 m² (à partager avec les légumes bio) nettement insuffisante pour produire les 500 litres de bière par jour. Et de surcroît, à notre connaissance, le houblon n’est pas le seul ingrédient nécessaire à la fabrication de la bière. D’autre part, parce que l’aspect évènementiel a été conçu de manière à être entièrement dépendant d’un charroi automobile.

«Une zone maraîchère, exploitée par un coopérateur qui pourra gérer cette démarche-là.» 

Maraîchage, coopérateur, auto-production, … on reste dans l’écolo-sympa.

… sauf qu’en réalité, la zone maraîchère reprise dans le projet couvre une superficie de… 0,3 hectare (3000 m2). Pas de quoi permettre une activité professionnelle (le coopérateur maraîcher sera donc davantage un jardinier) ni alimenter en houblon une brasserie (même très micro-). De plus, confondre coopérateur et travailleur rémunéré est une ineptie.

« et évidemment un volet événementiel, mais à prendre avec toutes les pincettes d’usage ; ce n’est pas une discothèque (…), on est davantage dans un projet où il y aura aussi des salles de séminaires, de conférences, de débat, à l’intérieur d’une structure qui sera bien contrôlée. »

Ici, par contre, on quitte le mode « copain sympa » et on entre dans le « Rassurez-vous, nous faisons dans le sérieux et pas dans la gaudriole ».

… sauf que le cœur du projet, c’est bel et bien l’aménagement de deux grandes salles (pouvant accueillir plus de 400 personnes) qui ne seront pas accompagnées de plus petits locaux (oubliez les séminaires) et que les conférences et les débats ne remplissent pas les caisses en fin de mois ;

… sauf que les activités liées aux mariages figurent bel et bien dans le dossier de transformation de la ferme (curieux oubli de M. François) ;

… sauf qu’on ne voit pas très bien à quoi pourrait servir une autorisation de diffuser de la musique jusqu’à 3 heures du matin 100 jours par an (soit tous les weekends de l’année) si le but n’est pas d’organiser des soirées dansantes et des fêtes de mariage. A moins que les « séminaires » et les « débats » soient envisagés d’une manière particulièrement festive ;

… et sauf qu’on ne voit pas très bien non plus comment ces activités seront « bien contrôlées », vu qu’elles seront essentielles au financement de la ferme « new look » et qu’il n’y aura de toute manière ni bureau ni logement pour un concierge ou un responsable. 

Enfin comme il serait bien difficile pour la société Scheen Project de rassurer les riverains quant aux nuisances des activités prévues (bruit, pollution, …) et encore plus difficile d’expliquer comment les soirées festives et les cortèges de voitures seraient compatibles avec le respect de l’environnement, des paysages, des promeneurs et des riverains, … le plus simple est encore de faire comme si tout cela n’existait pas.

On vous le disait, un grand numéro d’enfumage… mais qui ne devrait pas convaincre toute personne se penchant un peu sérieusement sur ce dossier.

Cette opération de communication ne nous rassure pas, au contraire. Nous restons donc opposés au projet.

Si vous voulez vous faire votre propre opinion, n’hésitez pas à consulter le dossier. Pour cela, il faut faire une demande à Pauline Maréchal. L’accès qui vous sera donné est personnel et ne peut être diffusé. Email : pauline.marechal@beyne-heusay.be

L’autre option est de prendre rendez-vous avec l’agent traitant Corinne Lambinon. Email : corinne.lambinon@beyne-heusay.be Téléphone 04/355.81.65

Si vous voulez en savoir plus, nous avons publié une analyse plus détaillée de ce projet et nous avons rendu compte de la présentation par Monsieur Scheen lui-même de l’ensemble de ses projets – y compris les deux lotissements qu’il veut construire (pour une total de 230 logements) dans la rue Sainte-Anne, à proximité de la ferme, et au lieu-dit Chat Pirard – devant le Conseil communal de Beyne-Heusay le 17 février 2020.