Lotissements au Ry-Ponet – Quand Mathieu Scheen sauve le monde… et même les sinistrés des inondations

Le journal La Meuse a publié ce 5 janvier 2022 un article consacré au projet de construction de deux lotissements à Beyne-Heusay, rue Sainte-Anne et à Chat Pirard (à proximité de la rue Neufcour) qui fait largement écho aux déclarations de Monsieur Mathieu Scheen, le promoteur de ce projet, agissant pour le compte du propriétaire des terrains, la société « La Planète Verte ». Cet article permet de découvrir entre les lignes des indications bien intéressantes sur l’art de lotir de ce promoteur. En voici un petit résumé.

2022, à des années lumières de 1986!

Il aime les cadres clairs et bien définis

« Ce projet est situé sur une zone d’habitat au plan de secteur. Et le plan de secteur reste la loi. » Inutile donc de perdre son temps avec des considérations oiseuses sur les risques environnementaux, les besoins agricoles ou les qualités paysagères du lieu. Inutile aussi de prêter trop d’attention à ce stade aux analyses du bureau Caneva-s qui étudie en profondeur le site du Ry-Ponet pour y tracer des pistes d’avenir. Le droit de propriété et un plan de secteur vieux de 35 ans sont et restent les deux seules mamelles auxquelles biberonne activement notre promoteur. Elles sont pour lui – et doivent donc être pour le monde entier – l’alpha et l’oméga de tout projet de construction et l’horizon indépassable de la réflexion.

Il sélectionne soigneusement les informations qu’il donne

« Le projet porte sur la réalisation d’un quartier durable et prévoit l’ouverture de nouvelles voiries se raccordant aux rues Sainte-Anne et Neufcour ». On ne saura donc pas combien de logements il y aurait, quels seraient les types d’habitations, comment les lieux seraient organisés. Ces informations seront données lors d’une future séance de présentation et il ne faudrait pas alarmer la population en donnant trop de détails à l’avance. Par contre, il est essentiel que chacun sache dès maintenant que, dans ce quartier « durable » (quel promoteur aujourd’hui se vanterait de construire un quartier « non durable » ?), « il n’y aura pas d’utilisation de laine de roche pour l’isolation mais bien de laine de mouton ou de cellulose ».

Si ce projet se réalisait sur deux des endroits les plus symboliques du parc du Ry-Ponet, les terres agricoles et les paysages magnifiques cèderaient donc la place à des alignements de maisons, de car-ports et d’abris de jardin pour le seul bénéfice de Mathieu Scheen, de ses commanditaires… mais heureusement aussi, d’un secteur de la tonte des moutons désormais en pleine expansion.

L’espoir.

Il est bienveillant

« Pour notre projet sur les hauteurs de Liège, nous avons déjà des candidats qui ont été sinistrés lors des inondations dramatiques de la mi-juillet dans la vallée ».

Des milliers de gens ont souffert et souffrent encore pour longtemps des dégâts causés par les inondations. Des centaines de familles ne pourront pas remettre en état leur logement et sont donc contraintes à en chercher un autre, tout en bataillant avec les compagnies d’assurance pour obtenir les dédommagements auxquelles elles ont droit.

On imagine bien qu’au cours des prochaines années, tous les promoteurs insisteront lourdement sur ces besoins en logements nouveaux pour valoriser leurs projets et en faire un juteux business.

Mais essayer de faire croire qu’aujourd’hui, on fait la file devant les bureaux de la société de Mathieu Scheen pour réserver sa place dans un projet qui n’a jamais été présenté au public (si ce n’est la présentation d’une esquisse lors d’une séance du conseil communal de Beyne-Heusay en février 2020) et est donc complètement inconnu de l’immense majorité de la population est particulièrement osé. Et présenter un lotissement nécessitant plusieurs années de construction comme une solution aux problèmes actuels des sinistrés et suggérer que ces maisons avec vue imprenable et prix d’achat en proportion puisse être une solution pour des gens qui ont tout perdu en juillet est franchement indécent.

Il est magnanime

« Une concertation sera possible avec les auteurs de l’étude de Liège Métropole en cours ».

Car, pendant que certains construisent les logements verts du futur qui font rêver les sinistrés des inondations, d’autres passent leur temps à barboter dans le futile, en imaginant un avenir pour le parc du Ry-Ponet qui parle de paysages et d’espaces verts, d’agriculture urbaine et de tourisme doux. On a les ambitions qu’on peut, n’est-ce pas !

Mais Mathieu Scheen a les idées larges. Une fois garanti l’essentiel, à savoir la construction des lotissements, il est prêt à discuter avec le bureau d’études choisi par Liège Métropole de la possibilité de modifier des détails, comme maintenir des carrés de terre pour planter des salades entre les constructions ou placer une table d’orientation au bord de la nouvelle route pour que les promeneurs puissent situer avec précision où se trouvaient les vues remarquables qu’il ne peuvent plus qu’imaginer entre les maisons et les abris de jardin. Peut-être même Mathieu Scheen offrira-t-il aux futurs habitants d’organiser une consultation populaire pour choisir le nom de la nouvelle rue du lotissement, entre “allée de la terre nourricière” et ”rue de l’écrin de verdure”.

La menace plane sur Sainte-Anne

Mais il n’aime pas les emmerdeurs

« Il y a une minorité bruyante qui s’oppose à tout sur le Ry-Ponet ».

De nos jours, on ne parle plus des « agitateurs professionnels » ou des « agents au service d’intérêts étrangers » mais l’idée est restée. Et donc une « minorité bruyante » fait de l’obstruction et – il ne le dit pas mais le pense très fort – Monsieur Scheen a déjà été victime de ses agissements.

Rappelons quand même que le projet de Mathieu Scheen visant à transformer la ferme Sainte-Anne en activité commerciale a fait l’objet de près de 3.200 courriers d’opposition il y a un an. Il y a donc des minorités qui semblent bien populaires… et même majoritaires. Rappelons aussi que les Collèges des communes voisines et des associations environnementales avaient durement critiqué ce projet. Et qu’en fin de compte, la minorité la plus bruyante dans ce dossier semble bien avoir été le promoteur immobilier.

Que la force soit avec nous

Soyons de bon compte : on ne peut guère sortir plus de cet article de la Meuse que ce qui précède. Mais ces courts extraits correspondent étonnamment bien à ce que nous avons expérimenté dans un passé récent lorsque Mathieu Scheen a contacté la Plateforme Ry-Ponet pour nous dire qu’il avait acheté la ferme Sainte-Anne, qu’il aimait beaucoup nos idées et qu’il voulait « réaliser notre projet de ferme » avec nous… avant, quelques mois plus tard, de rendre public un projet incluant deux salles pour événements pouvant accueillir 400 personnes et diffuser de la musique 100 soirées par an jusqu’à 3 heures du matin. Commentant les déclarations du chargé de com’ de Mathieu Scheen à l’occasion d’un reportage de RTC, nous avions titré notre article de réponse « L’enfumage est un art et la société Scheen Project est un grand artiste ». Il semblerait que ce titre s’annonce tout aussi valable un an plus tard…