« Mes pieds, ma liberté ! » – La conférence qui nous a fait marcher

Ce mercredi soir, ce sont près de 100 personnes qui se sont rassemblées dans une ambiance conviviale à l’école communale de Chênée-Centre pour célébrer les vertus de la marche du quotidien ou de loisir et insister sur la nécessité de valoriser les sentiers et petites voiries publiques. Au menu : conférence, stands associatifs et, comme lors de chacun de nos événements, des rencontres humaines et de riches échanges.

L’idée d’une soirée « sentiers »

Un des objectifs de notre groupe de travail Sentiers est de faire connaître l’intérêt des sentiers et la multitude de leurs bienfaits. La Plateforme Ry-Ponet s’est donc rapidement tournée vers l’ASBL « Tous à pieds » (mieux connue sous son ancien nom « sentiers.be ») puisque cette asbl « travaille à développer la culture de la marche utilitaire et de loisir et accorde une attention particulière à la valorisation des petites voiries publiques ». Nous avons très rapidement décidé d’organiser ensemble cette soirée.

Une conférence mais pas que…

Dès leur arrivée, les participants ont été invités à découvrir le travail d’associations amies.

L’ASBL « Les Sentiers de Grande Randonnées » (GR), qui vient de fêter les 60 ans d’existence des célèbres balises rouges et blanches, exposait la multitude de ses Topo-guides, dont celui du GR 412 Est – le « Sentier des terrils » – qui passe par le Ry-Ponet.

L’ASBL UrbAgora présentait le dossier réalisé en novembre 2014 qui a, pour la première fois, proposé la création d’un parc du Ry-Ponet ainsi que son projet Liège Orbitale, parcours de randonnée urbaine de 41 km autour de Liège, qui propose à tous les publics (depuis les randonneurs aguerris jusqu’aux publics familiaux) de partir à la découverte des marges vertes de la ville, dont le Ry-Ponet fait partie.

Était également présent un stand de « Occupons le Terrain », coordination de collectifs citoyens et d’associations pour la préservation des territoires et des ressources, à la création duquel la Plateforme Ry-Ponet a largement contribué.

Au stand de notre Plateforme se sont présentés de nombreux visiteurs avec qui nous avons pu avoir des échanges au sujet du travail de préservation et de notre projet de création du Parc du Ry-Ponet. Le Groupe de Travail Sentiers avait sorti pour l’occasion la carte du site où figurent les sentiers. Ces échanges ont convaincu quelques visiteurs qui sont devenus membres de la Plateforme et ont promis de rejoindre le Groupe de Travail Sentiers.

Le contenu de la conférence

Notre intervenant du soir, Boris Nasdrovsky, est bio-ingénieur en Gestion de l’Environnement et Aménagement du territoire, urbaniste et conseiller en mobilité qualifié et directeur de Tous à Pied.

C’est à un voyage à travers de multiples thématiques qu’il nous a entraînés pendant cette soirée. Résumer un exposé aussi dense et varié est mission impossible. Nous nous contenterons donc d’en donner les toutes grandes lignes.

Boris a commencé par présenter les nombreux intérêts des chemins et sentiers, en terme de mobilité bien sûr, mais aussi en d’autres termes moins évidents : la valorisation du patrimoine, la préservation de l’environnement, le développement des loisirs et du tourisme.

Il a ensuite indiqué que tant pour la valorisation des sentiers, que pour favoriser les déplacements à pied, il faut travailler à différents niveaux : à celui de la personne, de la commune, du quartier et de l’infrastructure (rue, place, sentier..). Il a articulé sa présentation autour de ces quatre axes.

Au niveau de l’individu, il est nécessaire d’inciter les gens à marcher davantage et ce, pour diverses raisons :

  • la marche est le déplacement utilitaire n°1, le chaînon essentiel de la multimodalité ;
  • elle est le premier levier pour inverser la hiérarchie des modes (à ce sujet, Boris nous a montré l’exemple frappant d’un Pedibus mis en place pour conduire les enfants à l’école) ;
  • elle est un loisir accessible à (presque) tous ;
  • elle apporte des bienfaits pour notre santé ;
  • elle permet d’animer l’espace public et de créer du lien entre les personnes ;
  • elle amène une meilleure connaissance de son environnement proche, de son territoire et donc un « vivre mieux » de celui-ci.

Mais il ne suffit pas de proclamer les avantages de la marche et les intérêts des sentiers. Il faut aménager le territoire pour inscrire chemins, sentiers et petites voiries dans la vie quotidienne, à l’échelle de la commune et du quartier. Ceci exige de convaincre les pouvoirs publics et d’impliquer la population pour construire un projet répondant aux souhaits de tous.

Pour cela, la première démarche est d’établir un inventaire des chemins et sentiers existants et historiques à restaurer pour créer un vrai réseau de cheminements piétons, pour assurer les continuités, connecter les pôles, perméabiliser les quartiers. Boris a évoqué l’exemple de l’étude faite à Peruwelz, où nombre de sentiers historiques avaient disparu pour des raisons diverses, et où le rétablissement de certains d’entre eux a permis de recréer un réseau de circulation piétonne. L’aboutissement de cette étape est de nommer les chemins et sentiers pour qu’ils s’inscrivent dans le quotidien de la population et d’établir une signalétique claire pour qu’ils soient identifiables et donc empruntés sans crainte.

Vient ensuite l’axe de l’infrastructure pour faire passer ces cartes et ces documents au stade de réalité vivante et de leur éviter de finir dans les tiroirs d’une administration. Pour cela, il faut que l’importance de ces modes de déplacement soit vraiment prise en compte dans les décisions d’aménagement du territoire et de mobilité. Il n’est pas question de se contenter de créer des trottoirs. Il faut répondre correctement aux questions « Par où les gens passent-ils aujourd’hui ? » « Par où aimeraient-ils passer ? » et « Comment donner l’envie d’emprunter les sentiers et les voies douces » est essentiel. Il est indispensable que les réponses des utilisateurs soient entendues et que les projets soient réellement co-construits avec eux.

Boris a terminé sa présentation en détaillant diverses facettes du travail de « Tous à pied ». Il a présenté divers types d’interventions et de diagnostics proposés par cette ASBL à l’attention des communes ou groupements de communes, en s’appuyant sur des concepts comme la marchabilité et la marche exploratoire. Mais surtout il a mis l’accent sur les projets de sensibilisation de l’ASBL destinés aux enfants : « Chemins des Écoliers » encourageant les enfants à devenir acteurs de leur mobilité en leur montrant les itinéraires piétons sécurisés les conduisant à leur école, et « Chemins au Naturel » invitant les enfants à réaliser des aménagements contribuant à la restauration de la biodiversité sur un sentier, pour ensuite mieux la respecter.

Après la conférence et le débat, les participants ont pu échanger agréablement à notre stand et près de notre bar.

Si vous voulez voir ou revoir la présentation de Boris, elle est téléchargeable via ce lien.

Pour aller plus loin :

  • Pour vous inscrire à la newsletter de l’asbl « Tous à Pieds », suivez ce lien.
  • Pour en savoir plus sur l’intérêt des sentiers pour la biodiversité, lisez cet article des Carnets des espaces naturels.
  • Pour approfondir vos connaissances en matière de voies lentes et déplacements quotidiens, consultez le dossier thématique du SPW Mobilité.
  • Pour connaître quelques chiffres sur les chemins et sentiers de Wallonie, suivez ce lien.