Bientôt deux fois plus de parkings aux Bruyères ? Est-ce vraiment si CHUper ?

La Guerre du Ry-Ponet se poursuit, avec un nouveau rebondissement. Si le Cycle des Lotissements est aujourd’hui (provisoirement) en mode pause, le Cycle du CHU voit naître un nouvel épisode, provisoirement intitulé “L’Extension des Parkings”.

La saga du CHU… en mode saucissonnage

Cela fait de longues années en effet que le CHU de Liège souhaite développer et moderniser son implantation de Notre-Dame des Bruyères, notamment en agrandissant les parkings et les bâtiments. Nous nous réjouissons évidemment d’un tel développement du service public de la santé. Mais nous sommes nettement moins emballés par la manière qu’utilise le CHU pour faire avancer ce projet et par la qualité de celui-ci.

Si la direction du CHU a évidemment une vision globale et précise de développement pour le site des Bruyères, elle a pris la – désagréable – habitude de déposer une succession de demandes de permis portant chaque fois sur un aspect précis et limité (la destruction d’un ancien bâtiment, la création d’une nouvelle chaufferie, l’agrandissement des bâtiments,…) sans jamais déposer une demande pour un permis global qui permettrait de voir l’ensemble des implications de son projet.

Nous ne sommes pas les seuls à être heurtés par cette tactique du « saucissonnage ». La Ville de Liège et la Région wallonne ont, à de nombreuses reprises, demandé au CHU d’arrêter cet empilement de demandes de permis partiels et de présenter une demande pour le projet global – mais sans succès. Comment expliquer cet acharnement du CHU à poursuivre dans la voie du saucissonnage ? Certes cette démarche peut en partie se comprendre par l’énormité et la complexité du dossier. Mais elle vise peut-être avant tout à diluer et décourager toute opposition dans la population face à certaines conséquences du projet de développement du site des Bruyères qui auraient un impact négatif important sur la vie quotidienne des habitants et sur l’environnement. Nous avions déjà mis ce point en avant en septembre dernier lors de l’enquête publique organisée sur la demande de permis pour l’agrandissement des bâtiments et nous avions alors demandé à la Région wallonne (qui doit légalement prendre la décision finale dans ce dossier) de ne pas accorder ce permis en l’état. La décision finale n’est pas encore prise car la Région a demandé au CHU de modifier ses plans. On peut espérer que cette demande intègre la nécessité d’une vision globale.


Un nouvel épisode… en mode parkings

La direction du CHU n’a pas voulu attendre de connaître la décision de la Région sur la demande de permis d’extension des bâtiments. Elle a décidé de prendre le risque d’être confrontée à une décision de la Région qui lui demanderait de rentrer un projet global. Elle tente donc de « passer en force » en déposant une ènième demande de permis, cette fois pour l’extension des parkings, accompagnée d’une nouvelle enquête publique.

Au-delà du fait – essentiel – que nous continuons de rejeter cette démarche de saucissonnage, nous avons de nombreuses réserves sur le projet d’extension des parkings que présente aujourd’hui le CHU.

Ce projet vise à presque doubler la capacité des parkings (le parking visiteurs passerait de 214 places aujourd’hui à 522 tandis que le parking du personnel passerait de 219 à 301 places) et à le rendre payant.

L’avant-projet avait été présenté en septembre 2020 lors d’une réunion d’information suivie par une enquête publique. Lors de celle-ci, de nombreuses personnes avaient exprimé des observations et suggestions sur l’avant-projet à prendre en compte lors de l’élaboration du projet final.

Force est de constater aujourd’hui que :

  • ce projet final a malheureusement été introduit sans tenir compte de la grande majorité des observations et des demandes ;
  • les quelques modifications proposées ne sont en réalité que des corrections minimes, ponctuelles et superficielles, qui ne répondent pas aux attentes importantes et qui n’amorcent aucune révision globale.

Regardons cela plus en détail.

1. Impacts sur la mobilité dans les quartiers avoisinants

Le site de ND des Bruyères est le seul des grands hôpitaux liégeois (CHU, CHR Citadelle et CHC Montlégia) à être situé en rive droite de la Meuse. Il est donc susceptible d’accueillir des patients venant d’une large zone. Or, seules deux voies d’accès mènent au site : la N3 Liège-Herve et la rue de Gaillarmont (reliant la N3 au centre de Chênée et aux entrées d’autoroutes). Ces deux voies d’accès traversent des quartiers densément habités et sont déjà régulièrement engorgées aux heures de pointe.

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L’extension du CHU Bruyères risque d’entraîner un surcroît de circulation qui accentuera les difficultés tant pour les automobilistes que pour les cyclistes, les piétons et les riverains de ces deux axes. En retour, cet accroissement de circulation risquera de poser des problèmes pouvant être très graves pour les véhicules d’urgence dans des situations où chaque minute peut compter.

Contrairement aux demandes formulées en septembre 2020,

  • aucune maîtrise des problèmes de circulation automobile n’est proposée. Il est pourtant capital que le projet de développement du site soit conditionné à un réel plan de mobilité ;
  • aucune amélioration n’a été intégrée au projet concernant les possibilités d’accès au site pour les cyclistes et les piétons.

2. Respect du patrimoine

Le complexe actuel du CHU Bruyères était initialement un sanatorium, installé dans un site remarquable intégrant des bâtiments anciens (le château des Bruyères et ses diverses dépendances) reliés par des chemins arborés.

Contrairement aux demandes formulées en septembre 2020,

  • le projet de parking est un pur projet « routier » qui n’intègre pas dans sa conception l’histoire du site (château, allées du parc, …) ;
  • l’ancienne fruitière est certes préservée dans le présent projet mais sera isolée au milieu du parking, telle un OVNI tombé du ciel.
Extrait de la carte IGN de 1931

3. Imperméabilisation, consommation de terres et atteinte à la biodiversité

Le projet prévoit une extension des parkings sur une superficie équivalente à 360% de celle des bâtiments sur le site. Cet étalement est donc très important. Les conséquences d’une trop forte imperméabilisation des sols ne sont pourtant plus à démontrer, comme les inondations de cet été 2021 nous l’ont brutalement rappelé. Par ailleurs, les terres agricoles et la biodiversité qui leur est liée sont plus que jamais à préserver.

Contrairement aux demandes formulées en septembre 2020,

  • la réflexion menée pour réduire cette consommation de terres en envisageant un projet de parking en hauteur (soit souterrain soit à étage) a été à peine esquissée et rapidement écartée parce que plus chère ;
  • les plantations d’arbres au milieu des places de parkings et l’installation d’un hôtel à insectes ne suffiront pas à « compenser » les pertes en matière de biodiversité.
Avant / après l’extension du parking – Simulation

4. Intégration dans le paysage et dans le parc du Ry-Ponet

Le complexe du CHU Bruyères se situe en bordure du parc du Ry-Ponet, un vaste ensemble d’espaces verts et de terres agricoles qui s’étend sur plus de 400 hectares à cheval sur Liège, Beyne-Heusay, Chaudfontaine et Fléron et qui est reconnu pour la qualité de ses paysages.

Le développement du CHU Bruyères doit être l’occasion de préserver cette qualité des paysages et d’améliorer le lien entre le site du CHU et le parc, pour le plus grand bénéfice des patients, des visiteurs et des promeneurs.

Contrairement aux demandes formulées en septembre 2020,

  • le projet ne prend pas en compte l’existence du parc du Ry-Ponet et continue à lui tourner le dos.

Un projet inacceptable en l’état

Pour toutes ces raisons et parce que nous continuons de réclamer un projet global et non une succession de permis saucissonnés, nous pensons que le projet n’est pas acceptable en l’état et que le permis ne peut lui être accordé.

Deux enquêtes publiques pour le prix d’une

Cette demande de permis présente une particularité qui peut surprendre. Vu que l’extension des parkings est demandée sur le territoire de la commune de Liège mais très proche de la limite de la commune de Beyne-Heusay, une enquête publique doit être organisée dans chacune des deux communes. Mais, pour des raisons administratives que nous ne connaissons pas, ces deux enquêtes publiques n’ont pu être organisées simultanément. Celle de Beyne-Heusay, a donc lieu du 17 janvier au 15 février et celle de Liège du 5 février au 7 mars.

Vous pouvez réagir!

– Si vous partagez notre point de vue et que vous voulez réagir rapidement :

Il vous suffit de compléter le formulaire qui figure sur ce site, d’y inscrire vos coordonnées et vos éventuelles remarques personnelles. D’un seul clic, il sera envoyé aux administrations concernées.

– Si vous souhaitez écrire votre propre courrier (ce qui est le mieux), vous pouvez envoyer vos commentaires, propositions, réclamations et avis à une de ces deux adresses (ou aux deux) :

  • Liège (avec la mention “Dossier M/91425 D”) :

Dates : du 5 février au 7 mars

Par lettre : Service des Permis d’Urbanisme, La Batte, 10, 4eme étage, 4000 Liège

Par mail : enquete.urbanisme@liege.be

  • Beyne-Heusay (avec la mention projet parking CHU Bruyères) :

Dates : du 17 janvier au 15 février

Par lettre : Service de l’Urbanisme, Avenue de la Gare, 68 – 4610 Beyne-Heusay

Par mail : urbanisme@beyne-heusay.be